Compte-rendu de La Bernard-Thévenet au Creusot 2008 !

Bonjour Madame, Bonjour Monsieur !

Avez fait votre choix ?

« Pour ma femme, une escalope à la crème après la salade composée et pour moi, salade et steack charollais avec une garniture frites. »

Le 110e kilomètre sonne le glas de ma Thévenet. J’ai vu deux potes au départ : Luc et Rapha, confiants, prêts à en découdre.

Dès les premiers kilomètres, malgré la vitesse raisonnable réglée par les premiers, je ne suis pas dans un grand jour, je pédale « carré ». Ça va être dur.

Après la première demi-heure de course, panne de cuisse dans le premier talus sérieux du parcours. Je me trouve avec un groupe d’une douzaine de coursiers aux forces équilibrées. Désolé de ne participer plus activement aux relais mais les faux plats permanents me minent la tête. J’ai bien quelques sursauts au passage à Charolles et dans quelques pentes sérieuses qui me font croire que je suis encore vivant. Maintenant le doute s’est installé et je ne verrais plus le jour. L’objectif est de durer dans le groupe en respectant les voisins.
Le point le plus au sud du parcours est atteint, le groupe est encore à 35 km/h. Ya un garçon avec un maillot noir et rouge, nous pouvons tous le remercier, tellement il tire des bouts droits.
La Clayette et son château passé, les choses s’aggravent, les talus s’enchaînement, la vitesse diminue, mon moral est au plus bas ; je commence à guetter Marie, mon épouse, qui doit me passer une musette vers Saint-Bonnet-de-Joux (vu le profil je n’ai pris qu’un bidon et quelques pâtes de fruits). Arrive la bosse de Beaubéry avec des passages affichés sur le polar à 11%. Rideau, le groupe éclate, moi le premier, y en a plein les murs tellement c’est dur ; je hisse mes 74 kg au sommet dans la plus grande douleur . Ça sert à quoi tout ça, ais-je besoin de me ruiner le corps pour une cyclosportive qui n’est qu’un maigre épisode d’une vie bien remplie.
« Mais c’est ça le vélo » me rappelle un petit diable rouge soudainement apparu dans mon œil gauche et qui me rappelle que je l’ai voulu, que personne ne m’a obligé.

J’essaie de rester concentré sur mon effort mais plus rien n’y fait .Vivement Saint-Bonnet-de-Joux, la musette est là maintenant devant moi :
" - Marie, j’arrête, j’ai des jambes en bois.
- Tu veux dire Pinochio, réplique-t-elle.
- Tu te moque Ginette, je suis cuit, biscuit… "
J’ai mis pied à terre, plein de douleurs.
Pendant que je range mon vélo dans le coffre, je vois des courageux qui passent. Mais qu’est que je fais là ?

« C’est chouette ce coin me dit mon voisin en me passant le relais, ça s’appelle comment ?
Je lui réponds La Clayette, t’as raison, c’est chouette, j’y repasserai à l’occasion, c’est ça qu’est bien dans les cyclos, tu traverse par des coins insoupçonnés, lui dis-je ».
Le château aperçu le matin est devant moi pendant que je déguste ma viande charollaise.

C’était le jour du cyclo… touriste.